Charlie Dalin reprend la 2e place !

Au pointage de 17 heures UTC, le leader du groupe de l’Ouest, qui réunit une majorité de foilers, a repris la 2e place du classement. Il pointe à 7,9 milles derrière Benjamin Ferré (Monnoyeur - Duo For A Job). Guirec Soudée complète ce podium (à 13,8 milles) devant Éric Bellion (COMME UN SEUL HOMME Powered by ALTAVIA, à 22,8 milles).

Les deux poursuivants de Charlie Dalin, Jérémie Beyou (Charal) et Thomas Ruyant (LinkedOut) pointent ensuite (à 23,2 milles et 28 milles). Pour rappel, deux stratégies se font face : une route Est – avec plusieurs bateaux à dérive – et une route Ouest qui rassemble les foilers. Le classement est donc susceptible d’être modifié dans les heures qui viennent.

Sébastien Marsset : "On a franchi cette dorsale, bye bye !"

Sébastien Marsset (Cap Agir Ensemble) a profité de l'accalmie réservée par cet après-midi pour faire la sieste... et nous a laissé une note vocale à son réveil :

"Ca y est, on a franchi cette dorsale, bye bye ! On commence vraiment notre parcours vers le Grand Nord. Maintenant c'est front, dépression. Pour l'instant c'est pas méchant, une vingtaine de noeuds nous attend pour cette nuit. Après, la météo est encore incertaine pour l'atterrissage sur l'Islande. Il y aura peut-être des grandes manoeuvres demain matin, à voir qui fait quoi.

Sinon tout va très bien à bord de Cap Agir Ensemble. J'ai profité de cet après-midi pour bien me reposer, depuis que le vent est établi. J'ai bricolé, j'ai réparé mon hydrogénérateur tribord, et écouté de la musique pour profiter de la vie à bord du bateau !"

Denis Van Weynbergh : "On a mangé notre pain blanc”

Le skipper de Laboratoires de Biarritz est revenu lors des vacations de l'après-midi sur son début de course, la foule du départ et son enthousiasme à voir les bateaux à dérives mener la course.

"J’ai été très impressionné par tout le monde qui était présent au départ. C’était vraiment sympa d’autant qu’il s’agissait de ma première descente du chenal. Cela donne une très belle énergie de voir tout ce public ! Depuis le départ, je trouve mes marques progressivement. La 1ère journée était éprouvante, comme sur chaque course mais j’ai profité de la dorsale pour bien dormir, travailler sur le bateau… Le passage de la dorsale, c’était un peu longuet mais on sait que ça se passe comme ça, qu’on ne sait pas toujours où on peut aller. C’est rigolo de voir les bateaux à dérives droites qui sont devant. On a mangé notre pain blanc et là ça va repartir avec du vent d’Ouest. On essaie tous de tirer le maximum de nos bateaux d’anciennes générations et c’est intéressant de voir qu’on est bien avancés. Comme disait Jean Le Cam : "tout ne se passe pas toujours comme c’est écrit dans les ordinateurs" !"

Damien Seguin : "Tu as l’impression de ne pas t’en sortir"

Le skipper de Groupe APICIL, interviewé lors des vacations de ce mardi après-midi, apprécie le fait d’avoir enfin quitté la dorsale. Il évoque aussi la belle trajectoire des bateaux à dérive qui dominent le classement.  

"J’ai quitté la dorsale il y a quelques minutes et je me rapproche du front. Le vent monte au fur et à mesure, c’est vraiment agréable. Je suis sous gennaker et J2, ça commence à bien avancer d’autant que la mer n’est pas si mauvaise. C’est cool à vivre après une nuit agitée. Les passages de dorsale, c’est sympa dans les livres mais ça n’est jamais sympa à passer. Tu as l’impression de ne pas en sortir, c’est long… Je ne m’en sors pas si mal finalement. Là, je suis à bâbord amure, au portant et j’ai à côté de moi Giancarlo Pedote et Nicolas Lunven. Les bateaux à dérive qui sont en tête de course ont une trajectoire très Est. Personne ne pensait qu’ils allaient arriver à passer cette dorsale en passant autant à l’Est. Il y a des moments où il faut avoir un peu de chance aussi. Maintenant, à nous de cravacher pour repasser devant !"

L'incroyable résistance des bateaux à dérives

La flotte quitte progressivement cette zone de vents légers qui l’a considérablement ralentie ces dernières heures. Le groupe de bateaux à dérives qui s’est élancé vers l’Est résiste en tête de classement (Ferré, Soudée, Cousin) et cela pourrait durer dans les prochaines heures. Les foilers situés plus à l’Ouest, menés par Charlie Dalin, sortent progressivement de la dorsale et mettent le pied sur l’accélérateur.

Pip Hare : "Trouver la voile parfaite"

La Britannique prend la mesure de son nouveau foiler et revient sur sa difficulté à trouver le bon compromis lors de ses manœuvres.

"Comme prévu, ce fut une nuit bâclée à essayer de trouver mon chemin. Pendant une grande partie de la nuit, j’étais tout proche de Nico (Lunven) et Giancarlo (Pedote) mais ils ont trouvé une brise que je ne pouvais pas atteindre au petit matin et ont sprinté vers le nord. C’était une belle nuit à dériver avec une énorme lune jaune et beaucoup d’étoiles. La transition à travers l’anticyclone a été beaucoup plus rapide que prévu. J’accélère actuellement avec mon gennaker et un soleil radieux dans le cockpit. J’ai fait une inspection poussée du bateau à la recherche de dommages ou de fuites puis j’ai fait une sieste de 30 minutes au soleil. Néanmoins, je réfléchis beaucoup à mes changements de voile et je perds beaucoup de temps dans les manœuvres. Un de mes objectifs, dans cette course, c’est justement de comprendre comment trouver le bon compromis pour avoir toujours la voile parfaite dans les airs."

 

Éric Bellion : "La dorsale, un sacré challenge"

Le skipper de COMMEUNSEULHOMME évoque son option dans la dorsale, son regard sur la trajectoire de Benjamin Ferré et de Guirec Soudée ainsi que son début de course.  

"Elle me plait cette option et je pense que c’était la bonne. J’ai essayé de tirer au plus court entre les deux petits systèmes. Ce qui est super, c’est que j’ai vu avancer comme deux frelons Benjamin Ferré et Guirec Soudée sur ma droite… Ils m’impressionnent beaucoup, eux qui viennent juste de tâter de l’IMOCA. Même si les cartes peuvent être redistribués, il faut leur tirer mon chapeau, c’est incroyable ce qu’ils font. Ce sont des skippers de grands talents ! Là, je suis sous spi, à 10 nœuds, 12 nœuds de vent, la mer est jolie… J’aime plus que tout le fait de vivre une aventure, de repousser mes limites. Et sur ces bateaux-là, c’est le cas dès qu’on met un pied dessus. Au départ, on a ‘tartiné’. La dorsale, c’était aussi un sacré challenge. Plusieurs fois, le bateau s’arrête. Le pilote automatique se met à sonner, il faut se précipiter à la barre, faire des virements dans le noir, affaler le J1, renvoyer le spi malgré la houle… C’est du sport mais on arrive à aller au-delà de notre peur. Et à chaque manœuvre réussi, à chaque fois que le bateau va dans la bonne direction, il y a beaucoup de fierté."

Charlie Dalin (APIVIA) : “ce ne sera pas une route si linéaire"

Malgré la décharge physique des deux premiers jours et la fatigue qui s’accumule déjà, le skipper d’APIVIA évoque sa position et les défis qui l’attendent.

"Nous sommes partis sur les chapeaux de roues des Sables d’Olonne. J’ai rarement été aussi vite et aussi longtemps avec le bateau, c’était impressionnant. Le contraste était grand entre la 1ère et la 2ème nuit où nous avons eu très peu de vent pour franchir la dorsale. Ce n’était pas simple. Avec Thomas et Jérémie, on s’est pas mal décalé dans l’ouest. Je suis content d’être là où je suis, même si je suis un peu fatigué de la nuit dernière. Cet après-midi, c’est 25 nœuds au programme et ça va enchaîner pas mal. Il y a pas mal de changements de voile en perspectives, de choix stratégiques différents… Il va falloir s’adapter. La nuit dernière a été très agréable, une nuit calme, une mer d’huile, la pleine lune… Mais je sais que la suite ne sera pas simple : on va avoir du vent qui va monter au fur et à mesure, un front à passer puis une nouvelle zone de transition avec du vent faible… Ce ne sera pas une route si linéaire que ça jusqu’en Islande."

Lever de soleil à bord de Freelance.com

Ces skippers qui ont décidé de voler

Pip Hare, Arnaud Boissières et Alan Roura, tous trois finishers du dernier Vendée Globe, ont acquis l’an dernier des foilers plus récents, plus agiles et plus spectaculaires. Sensations, réglages, réactions aux éléments… C’est une façon nouvelle de naviguer qu’il faut prendre le temps d’appréhender. Récit d’une formation accélérée, le pied sur l’accélérateur.   

Louis Duc : "Je navigue entre 2 et 5 nœuds, c’est un peu moins drôle"

Le skipper de Fives - Lantana Environnement ne ménage pas ses efforts pour s’extirper de la zone de vent faible :

« Je suis rentré hier soir dans la dorsale, ça fait un gros changement de rythme. Je navigue entre 2 et 5 nœuds, c’est un peu moins drôle. Il y a un peu de houle. Je fais pas mal de changements de voiles, il y a du travail à bord. Comme dit Marie Tabarly, j’apprends à me servir de ma colonne de moulin à café ! Cette gestion de la dorsale ne se passe pas aussi bien que je l’espérais mais je vais bien voir comment j’en sors. L’idée est de la traverser au plus court, ça c’est la théorie, mais il faut que le vent nous laisse faire. J’ai eu quelques petits soucis techniques la première nuit, j’ai fait le bilan. J’ai un hydrogénérateur abîmé et un petit souci de dérive. Mais globalement tout va bien à bord, je remets tout en route pour aller vers l’Islande avec un bateau en bon état. »  

Damien Seguin : "La molle joue les prolongations"

Comme ses concurrents, le skipper de Groupe Apicil est impatient de trouver la porte de sortie de la dorsale :

"Fin de cette deuxième nuit sur la Vendée Arctique. À bord de Groupe Apicil elle a été bien lente. L’entrée dans la dorsale s’est faite correctement, selon ce qu’on prévoyait des fichiers mais on n’en est toujours pas sorti alors que ça devrait être terminé. La molle joue les prolongations. Le but est d’essayer de trouver cette fameuse porte de sortie pour continuer. Ce n’est pas franchement évident. Des bateaux qui étaient juste à côté de moi sont partis devant. D’autres sont restés plus "empétolés". Le jour s’est levé, j’espère que ça va me remettre les idées claires."

Les skippers admirent le lever du soleil avant d'entamer leur 2ème jour de course !

Arnaud Boissières : "Il ne faut pas être fataliste mais philosophe"

Le skipper de La Mie Câline aborde calmement la zone de vent faible :

"On connaissait le scénario et on avait tous imaginé cet arrêt. La dorsale est axée nord-est/sud-ouest donc on va la traverser au maximum nord-ouest. Quand je pense en sortir ? Très bonne question ! Pas avant la mi journée. Je ne regarde pas trop le classement mais je me dis que je suis dans un bon wagon. Il ne faut pas être fataliste mais philosophe, et surtout ne rien lâcher. J’ai profité du vent faible pour dormir et m’alimenter. Je n’ai rien cassé, le bateau est très sain. Bientôt, on profitera d’un vent portant qui va nous propulser vers le nord."

Jérémie Beyou : "Dans la molle, c’est au petit bonheur la chance"

Jérémie Beyou (Charal) bataille dans le vent faible en attendant de reprendre de la vitesse :

"Pour traverser la dorsale, on a choisi un point d’entrée et maintenant il faut sortir perpendiculairement à son axe. Ce n’est pas facile de savoir comment va tourner le vent. J’ai des concurrents à vue, cela donne des repères même si dans la molle, c’est au petit bonheur la chance. J’ai deux-trois bricoles de matelotage à faire et des câblages électroniques qui s’étaient débranchés dans la phase un peu furieuse du début de course."

Fabrice Amedeo : "Quand les leaders vont toucher le vent fort, ça va faire mal !"

Le skipper de Nexans - Art & Fenêtres raconte comment il aborde la dorsale anticyclonique :

"Le vent est faible, la mer calme et plate. J’essaye de faire route à la perpendiculaire de l’axe de la dorsale pour en sortir le plus vite possible. J’espère que ce sera à la mi journée mais ça risque d'être un peu plus long que ça, cette zone a l’air compliquée à traverser. Les écarts se resserrent mais c’est un peu toujours pareil : les leaders tombent les premiers dans la molle, ça revient par derrière. Mais ils vont en sortir les premiers. Quand ils vont toucher le vent fort, ça va faire mal ! J’ai eu des soucis de pilote automatique, le système est encore tout neuf à bord et il y a quelques bugs. J’ai profité de cette accalmie pour essayer de le remettre d’aplomb. Il marche parfaitement sur mer plate mais il perd un peu les pédales dans la mer formée. J’apprends encore pas mal de choses sur le bateau et je progresse."

Le point course du matin

La nuit a été lente et technique pour les 24 concurrents de la Vendée Arctique – Les Sables d’Olonne encore en course. Pris dans la dorsale anticyclonique, ils ont dû composer avec des vents très faibles. Les leaders pourraient sortir de cette zone délicate en début d’après-midi.

Le classement de 7h

Pour rappel, le classement est calculé par rapport à la distance restant à parcourir avant d'atteindre la porte située à l'est de l'Islande. Il n'est donc pas forcément révélateur, il favorise grandement les concurrents situés plus au nord de la flotte. 

Voici le top 3 au classement de 7h (heure française) :

1. Benjamin Ferré (Monnoyeur - Duo For A Job), à 3 275 milles de l'arrivée
2. Guirec Soudée (Freelance.com), à 7 milles du leader
3. Eric Bellion (COMME UN SEUL HOMME Powered by ALTAVIA), à 7,7 milles du leader

Le classement complet ici