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Le skipper de LinkedOut, qui n’est pas parvenu à suivre le rythme de Charlie Dalin (APIVIA) ne cache pas une forme de déception.

"En ce moment, ce n’est pas trop la fête à bord. La situation est délicate et ça part par devant, ça va entraîner de gros écarts. Il y a ce front qui se désagrège sur une bonne partie de la flotte et certains, comme Benjamin (Ferré) et Guirec (Soudée) ont été plus malins que les autres. Charlie (Dalin) va vite mais j’essaie de prendre mon mal en patience. En début de journée, Jérémie (Beyou) a pu redémarrer et je n’y suis pas parvenu à quelques milles près. Je ne sais pas si le contournement de l’Islande va rabattre les cartes. Quand on voit la flotte, c’est un peu la débâcle et je suis en retard par rapport au routage prévu. C’est peut-être l’une des clés de la course qui se joue actuellement. Dans de telles conditions, je prends un peu moins de plaisir. Mais malgré tout, je suis content d’être sur l’eau et j’ai pas envie de lâcher."

Une grande partie de la flotte est une nouvelle fois confrontée à des vents faibles, ce qui ralentit grandement leur progression. En tête de flotte, Charlie Dalin (APIVIA), partisan de la route Ouest, est revenu à hauteur du leader, Benjamin Ferré (Monnoyeur - Duo For A Job). Un mot d’ordre : ne rien lâcher et mettre le cap sur l’Islande.

1- Benjamin Ferré (Monnoyeur - Duo For A Job)
2- Charlie Dalin (APIVIA), à 7,3 milles
3- Guirec Soudée (Freelance.com), à 51,8 milles

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Le Néo-Zélandais (Imagine), interviewé lors de la vacation de ce midi, revient sur sa difficulté à progresser et à trouver une vitesse plus élevée.

"On est à nouveau dans une dorsale, le vent est léger et extrêmement changeant. J’ai perdu 10 nœuds, les voiles sont fatiguées, le bateau bouge avec la houle… Ce n’est pas très plaisant. Ici, tout change de jour en jour, c’est difficile d’avoir une vision claire avec les modèles que nous avons. C’est parfois difficile de garder le moral ici, surtout quand on voit que tous les autres sont déjà passés. Tout le monde vit des difficultés en mer mais parfois, ça a l’air plus facile pour les autres !"

Le skipper de Nexans - Art & Fenêtres, interviewé lors de la vacation de ce mercredi, évoque les difficultés du moment tout en réaffirmant la "confiance" qu’il porte à son IMOCA.

"Ça me déprime de parler des conditions. En avant du front, ça a bien avancé cette nuit mais là, je suis particulièrement en difficulté. Je pense que j’ai un peu raté le faible vent qu’il restait et là, je suis à 2 nœuds. Je ne sais pas trop quand je vais récupérer du vent peut-être en fin de soirée, c’est aléatoire avec le routage. Ces 3 premières jours de course ont été conformes à mes attentes. Après, on passe du vent très faible où on est bloqué, du vent très soutenu où le bateau progresse vite… Lors du départ, j’ai pu aller très vite et c’était très agréable. Ensuite, des problèmes du pilote m’ont empêché de tirer le potentiel de mon bateau. Mais l’apprentissage pour fiabiliser le bateau continue. J’ai une confiance totale dans mon bateau."

Interviewé lors de la vacation de ce mercredi midi, le skipper de Bureau Vallée reconnaît les difficultés du moment, explique la stratégie à suivre et la fatigue qui s’accumule.

"Ce n’est pas un passage simple. Là, je progresse à nouveau, j’ai du vent qui rentre. L’objectif, c’est de rattraper le vent Sud derrière le front pour monter au portant jusqu’à l’Islande. Ce n’est pas facile à gérer ces passages-là, il faut prendre ce qu’il y a à prendre et croiser les doigts : la situation est différente si tu es 20 milles plus au nord qu’au sud… Ce que font les bateaux à dérive vers l’Est, c’était assez prévisible. S’ils n’ont pas d’arrêt avec de la molle, ils devraient bien s’en sortir. Moi, il va falloir cravacher pour m’accrocher, d’autant que Charlie va très vite. Le passage de l’Islande sera très technique, il pourrait y avoir un regroupement si ça passe au près. Si ça passe au portant, il faudra attaquer fort dans la descente. Je suis content néanmoins, il n’y a pas eu de casse et je suis confiant dans le bateau, même si on vit de grands moments de stress à 30 nœuds de vent. Entre les vitesses du départ, la pétole, le fait de repartir au portant à 30 nœuds, à nouveau de la pétole… C’est un exercice de yo-yo qui est psychologiquement difficile. D’autant que le manque de sommeil commence à se faire sentir. J’ai dû dormir seulement 4 heures depuis le départ."

Sur les 24 concurrents encore en course dans la 2e Vendée Arctique – Les Sables d’Olonne, 10 naviguent sur des IMOCA à dérives droites. Décalés dans l’est et menés par les bizuths Benjamin Ferré et Guirec Soudée, ils font preuve d’audace et font mieux que résister aux foilers.

Benjamin Dutreux (Guyot Environnement - Water Family) confesse une erreur stratégique et salue la performance de Guirec Soudée qui navigue sur son ancien bateau.

"Je suis allé très à l’ouest, c’était probablement une erreur. J’avais peur de buter dans la dorsale, je voyais la sortie vers l’ouest. Je n’ai pas très bien géré mon coup mais maintenant je dois faire avec. Les bateaux à dérives sont en tête en passant par l’est. Guirec gère bien, c’est trop cool, il est vraiment top son petit bateau, je suis content qu’il soit entre de bonnes mains. Je n’avais pas de doute sur le fait que Guirec le fasse bien marcher. Ce sont des petits malins par rapport à nous, on a foncé à fond la caisse dans la dorsale et eux ont pu voir ce qu’il se passait devant et cela leur a ouvert des opportunités. Comme quoi les plus rapides ne sont pas forcément les plus malins. Je vais essayer de revenir dans le match en essayant de faire attention au bateau."

Toujours leader ce mardi matin, Benjamin Ferré (Monnoyeur - Duo For A Job) savoure son joli début de course, même si la fatigue se fait ressentir.

"Les journées sont épuisantes, il y a pas mal de manœuvres à faire mais tout va bien. J’ai eu Guirec (Soudée) à la VHF, on rigolait bien en regardant le classement. C’est drôle d’être en tête même si le classement est un peu biaisé par l’étalage de la flotte. En tout cas c’est cool, la trace a l’air à peu près cohérente et les vitesses aussi. La route est encore bien longue donc je vais tâcher de me reposer."

Fatigué après avoir réglé des soucis de hook de grand-voile, Kojiro Shiraishi (DMG MORI GLOBAL ONE) est à nouveau d'attaque.

"J’ai repris un peu de forces en mangeant un peu lors du passage de la dorsale. Un des constrictors pour permettre de maintenir l’écoute de grand-voile du piano ne fonctionne pas, donc j’ai un winch dédié à cette fonction. C’est un petit problème. Le passage de la dorsale a été compliqué, je me suis arrêté plusieurs fois mais c’était pas si mal que ça. Ça va être rapide jusqu’à l’Islande. Je vais essayer de ne pas casser. Le mot d’ordre est de faire attention au bateau."

Sébastien Marsset (Cap Agir Ensemble #SponsorsBienvenus) s'accroche à bord de son IMOCA mis à l'eau en 2006.

"J’ai mis un peu de temps à évacuer l’émotion du départ. Ces dix jours de Village ont été sollicitants et je n’ai peut-être pas réussi à assez me reposer avant de partir. Je commence à trouver mon petit rythme de vie à bord. Tout va bien ! Je suis parti sur une route assez est dans la dorsale. Les foilers sont partis sur une route beaucoup plus à l’ouest. Cette dorsale ne s’est pas passée comme ils l’imaginaient, ils ne pensaient pas voir des bateaux passer aussi facilement à l’intérieur. Ils ont profité de ce décalage pour passer derrière le résidu de front que je vais avoir à négocier ce matin. Ils misent sur le flux de sud-ouest. Foils ou pas foils, cela implique forcément des trajectoires différentes. J’espère que les bateaux à dérives vont encore résister longtemps, je vais tout faire pour. Mon bateau n’est pas tout jeune donc forcément c’est difficile de rivaliser avec des IMOCA beaucoup plus récents. Les allures de VMG ou de vent plus faible nous sont moins défavorables. Il y a de très bons bateaux à dérives comme ceux de Benjamin Ferré ou de Nicolas Lunven qui font jeu égal avec les foilers dans certaines conditions. Je trouve génial que l’ordre établi soit bousculé en ce début de course, ça change, ça remet du jeu, ça challenge."

Le skipper de Banque Populaire salue la performance des concurrents de l’est et évoque le scénario météo à venir.

"Je suis sorti de la dorsale hier matin. Je n’ai pas fait une super opération car un groupe de bateaux est parti dans le nord avec Benjamin Ferré, Eric Bellion, Guirec Soudée. Ils ont super bien joué, bravo à eux. Ils ont fait moins de route. Je m’étais un peu écarté, je pensais qu’il y aurait moins d’air sur la route directe. A priori je me suis trompé, c’était une erreur. Ca fait du bien de retrouver du vent, ça avance bien vers le but mais la suite n’est vraiment pas simple. Un front froid va nous passer dessus la nuit prochaine. Derrière, ça s’annonce mou et compliqué. Je regarde avec attention l’approche de l’Islande. Je pense que les premiers vont réussir à passer sans encombre mais derrière on aura potentiellement du vent très fort. Il faut un peu se creuser la tête."

Après la troisième nuit en mer, les concurrents poursuivent leur route vers le nord avec un écart latéral de 100 milles entre le leader du groupe de l’est, Benjamin Ferré, et celui du groupe de l’ouest, Charlie Dalin. Les marins doivent négocier une nouvelle zone de transition avec du vent faible. Rien n’est simple sur cette Vendée Arctique – Les Sables d’Olonne même si la perspective d’atteindre la côte islandaise se rapproche.

Voici le top 3 au classement de 7h (heure française) :

1. Benjamin Ferré (Monnoyeur - Duo For A Job), à 2 989,8 milles de l'arrivée
2. Guirec Soudée (Freelance.com), à 13,5 milles du leader
3. Charlie Dalin (Apivia), à 15 milles du leader

Le classement complet ici

Les deux skippers, qui ont passé la fameuse dorsale, sont revenus sur leurs dernières heures au large lors du "Live Course". Extraits.

Manu Cousin (Groupe SÉTIN) : "on ne va rien lâcher"
"J’ai eu 24 heures de course compliquées, j’ai explosé deux hydrogénérateurs. J’ai dû touché une bille de bois et ça n’a pas été facile de les récupérer. Là, on a repris du vent et c’est vraiment sympa. On ne lâche rien, on donne tout dans notre petit groupe et on est à fond sur les réglages. La course tient ses promesses même si on a déjà les traits tirés. Nous allons tout faire pour rester dans le bon rythme et passer la nuit avec le vent de Sud, Sud-Ouest pour rester dans ce petit groupe devant et tenir les foilers plus à l’ouest."

Isabelle Joschke (MACSF) : "je prends beaucoup de plaisir"

"Ça fait quelques heures que le bateau file à nouveau. La 1ère phase de la course ça allait plutôt vite et la dorsale n’a pas été simple à gérer, on n’a pas eu beaucoup de vent. On a pu échanger avec Conrad Colman et c’était sympa de naviguer à bord de bateaux similaires. Je prends beaucoup de plaisir à être dans le match depuis le départ. À un moment donné ça va être dur parce que je n’aime pas le froid. Mais ça n’empêche pas de prendre du plaisir."