Manuel Cousin (Groupe SÉTIN), un abandon de raison
Le skipper Manuel Cousin a annoncé son abandon ce vendredi 17 juin, quelques heures après avoir incurvé sa trajectoire, prenant la direction des côtes de l’Irlande. Ce vendredi, la situation météo semblait en effet musclée dans le sud de l’Islande, comme le raconte le skipper de Groupe SÉTIN : « On a été plusieurs à se poser la question de savoir s’il fallait aller dans cette grosse dépression. Les copains qui y sont essuient des vents à plus de 60 nœuds. Quant à moi, même en m’éloignant par le sud, j’endure des vents de 47 nœuds, c’est très chaud. Il pourrait s’en passer, des choses, au centre de la dépression… » À trois jours et demi de mer des Sables d’Olonne, il sera de retour entre la fin d’après-midi de lundi et la matinée de mardi prochain.
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Trois skippers ont franchi la porte, les autres visent l’abri
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Charlie Dalin (APIVIA) premier à la porte
La seconde partie de la remontée vers l’Islande aura donné raison aux foilers, qui s’étaient aventurés dans l’ouest de la flotte durant trois jours afin d’aller chercher des airs plus soutenus. Ainsi, Charlie Dalin (APIVIA) a été le premier à franchir la porte virtuelle située à hauteur de la pointe orientale de l’Islande cette nuit, à 2h23 après 4 jours, 9 heures, 20 minutes et 26 secondes de course. 3 heures 43 minutes et 34 secondes plus tard, Jérémie Beyou (Charal) franchissait la ligne à son tour, imité par Thomas Ruyant (LinkedOut), 3e provisoire à 7 heures et 13 minutes du leader.
Ces trois grands noms de l’IMOCA ont donc été les premiers à pouvoir se mettre à l’abri du passage de la dépression. Bientôt, Benjamin Ferré, 4e, devrait les rejoindre : au classement de 15 heures, le skipper de Monnoyeur – Duo For A Job était à quelque 75 milles du but. La flotte qui s’étire sur un peu moins de 200 milles devrait pouvoir se mettre à l’abri dans les heures qui viennent et patienter, le temps que les conditions redeviennent maniables dans le sud de l’Islande, la course ayant été neutralisée par la direction de course, par mesure de précaution.
Le classement
Gros coup vent sur la Vendée Arctique
La dépression qui sévit sur la route de la flotte de la Vendée Arctique – Les Sables d’Olonne, et qui a contraint la direction de course à la neutralisation de la course en attendant des conditions moins périlleuses, secoue actuellement la route des solitaires. Ils témoignent.
Fabrice Amedeo (Nexans – Art & Fenêtres), 22e actuellement, raconte : « La course est interrompue, mais je prends quand même le coup de vent, et c’est chaud. J’ai 45 nœuds établis et j’ai pris ma première rafale à 50 nœuds. Ça se passe plutôt bien. J’ai trois ris dans la grand-voile et, pour la première fois de ma vie de marin, j’ai mis le tourmentin (une toute petite voile d’avant de sécurité, ndlr) ».
15e, au cœur du peloton, la Britannique Pip Hare (Medallia) s’accroche, dans une séquence musclée : " À 3 heures ce matin, ça semblait vraiment difficile... Ça venait de toutes les directions. Je ne me suis pas arrêtée. Chaque fois que je levais les yeux (vers les instruments de navigation, ndlr), c'était vraiment à fond. Maintenant, j'ai 18 nœuds de vent, je pense que je suis dans le bon secteur de la dépression. C'est vraiment difficile à déterminer, aucune des prévisions ne dit ce qui se passe réellement au milieu de la dépression. Je pense que cela signifie que je vais recevoir un coup de pied cet après-midi. J’arrive dans le flux d'ouest et je m'attends à ce qu'il se développe bientôt et vienne en direction du nord-ouest. J'arriverai peut-être à le devancer, mais je m'attends à 40 nœuds ».
Benjamin Ferré (Monnoyeur – Duo For A Job), 4e et en passe de rejoindre la porte virtuelle positionnée à l’extrême-est de l’Islande, à hauteur de l’île Hvalbakur, semble échapper à la dépression principale, comme semble le faire la tête de course dans sa montée vers le nord, mais une dépression secondaire l’a mis à l’épreuve : « Voici 24 heures que je suis éveillé. Je n’ai pas dormi. Pour l’instant, ça se passe plutôt bien, mais c’est dur, je suis fatigué. Je suis en plein milieu d’une petite dépression secondaire qui s’est calée devant la porte, je suis obligé d’en faire le tour et de bien la négocier. Il faut être dessus, des changements voiles. Je suis à 100 milles de l’arrivée (entretien réalisé à 12h ce jour), mais il peut se passer encore plein de choses ».
Francis Le Goff fait le point
Après avoir opéré une modification du parcours, renonçant à l’intention première d’envoyer la flotte faire le tour de l’Islande, la direction de course a été contrainte à une deuxième modification : la neutralisation de la course. Les skippers ont pour l’heure pour mission de franchir une porte virtuelle située au point le plus oriental de l’Islande, sur la côte sud-est, donc, pour ensuite se mettre à l’abri de la puissante dépression qui s’enroule autour de l’île.
Francis Le Goff, directeur de course, éclaire ce choix en partageant les motivations de cette « décision pas simple à prendre. Nous l’avons fait au regard du positionnement de cette dépression, des vents que les marins allaient rencontrer, et surtout des axes sur lesquels ils allaient naviguer, avec un vent de travers dans une mer très formée (cinq mètres). Dans le même temps, on regarde l’arrière de la flotte qui n’était pas encore passée par la porte islandaise, ce qui fait qu’il y aurait deux paquets de flotte à gérer. En termes de sécurité, on a estimé qu’il était préférable d’arrêter tout le monde à la porte, et de prendre le temps de l’analyse, de voir l’état des forces en présence. Les premiers ont été préservés puisqu’ils sont passés dans des conditions faciles jusqu’à la porte. Les autres sont dans le plus fort (de la dépression). À l’issue de leur route vers la porte islandaise, on prendra une décision dans les heures qui suivront ».